Jacques Roumain vu par Jacques Stephen Alexis

Les peuples sont des arbres. Ils fleurissent à la belle saison. Et, d’efflorescence en floraison, la lignée humaine s’accomplit, poursuit son rude devenir germinant en direction de l’Homme lumière qui nous est promis au bout de la longue traversée. Brocéliande bourdonne de toutes ses colonnes. Un oiseau s’égosille à un faîte, un vermisseau agonise à une souche et toute l’Humanité confabule. Les peuples rivalisent dans la chantefable de l’Homme.

Certains peuples sont encore tout jeunes, leurs feuilles sont pâles et tendres, d’autres sont travaillées par la verdeur, de nombreux sont chenus, contorsionnés par la maturité, mais tous contribuent à la grande geste commune. Parfois il arrive que la forêt se taise brusquement. C’est qu’un homme a fleuri à la basse branche d’un jeune tronc. Demain, il sera gouverneur de la rosée humaine. Toutes les ramilles de l’immense miracle vert qu’est l’Humanité murmurent et s’entrechoquent :

Un homme exceptionnel a germé !

Une immortelle, une fleur du rêve s’est épanouie !…

Voyez !

La forêt est toute parfumée et fertilisée par un pollen encore ignoré. Notre arbre à nous est jeune, mais intrépide. A chaque printemps, il dépasse ses promesses. Le peuple haïtien a fleuri de beaux hommes que toute l’Humanité reconnaît pour les siens. Il est cependant une immortelle produite par notre sève que les hommes vénèrent dans les coins les plus reculés de la planète. Elle est d’hier et dit que l’arbre a gardé la turbulence légendaire de ses essences.

Un matin de juin 1907, naquit en effet d’une famille de la bourgeoisie commerçante et terrienne de notre pays un enfant que l’on prénomma Jacques. Jacques Roumain. Il grandit dans le compagnonnage de nos moissons, de nos souvenirs d’épopée, de notre petit peuple, de ses couleurs et de ses papillons. C’était déjà un enfant dur et doux, réfléchi, têtu, batailleur et intrépide. Il devint «une rosé de raison», une force impétueuse, redoutable, calme et contrôlée, une aile dans le vent. On peut dire que Jacques Roumain tranchait sur le milieu social dont il était issu, sur les «fantoches» qu’il n’a jamais cessé de dénoncer.

Jacques Roumain commença ses études chez nous, puis poursuivit sa formation dans divers pays d’Europe. Pendant un instant, il se prépare à la grande bataille, il fourbit ses armes, il observe, il étudie et combat pour un renouveau culturel haïtien basé sur l’authenticité -une prise de conscience de nos origines et le respect de nos sources culturelles véritables. C’est la belle époque de La Revue indigène. Jacques publie poèmes, nouvelles, études et traductions. Avec une pléiade de jeunes compagnons enthousiastes, il conduit la vaillante jeunesse intellectuelle du pays. Il frappe d’estoc et de taille, il combat les bonzes attardés de l’assimilationniste et les sectateurs du cosmopolitisme, il chante le petit peuple de son pays et magnifie son optique de la beauté et de la vie. A l’époque, quand on disait Jacques Roumain, les yeux de tous les jeunes, principalement ceux qui sont issus des couches populaires, se mettaient à briller. Mais la bataille pour la libération nationale s’accélérait.

            En effet, un instant désorientée après la défaite de Charlemagne Péralte devant la montée des forces nouvelles, notre paysannerie et le peuple reprennent courage et se disposent en ordre de bataille. Jacques Roumain comprend alors que, malgré la façade menaçante de la dictature de Borna, étayée par des baïonnettes étrangères, des forces profondes invincibles agitent la nation. Le peuple est un géant. Gulliver se rit des nains du pays de Lilliput qui croient pouvoir le ligoter. Des signes avant-coureurs péremptoires annoncent la levée en masse. Le premier épisode de la longue bataille moderne du peuple haïtien va avoir lieu. Jacques abandonne l’action littéraire trop étroite à son gré et se lance dans la bagarre politique, sans regarder en arrière, avec l’impétuosité qui le caractérisait. L’heure est enfin arrivée de reconquérir la souveraineté nationale, aliénée par l’agresseur étranger.

Tous ceux qui ont connu Jacques Roumain à l’époque ne cessent de témoigner de l’énergie farouche du combattant admirable qu’il a toujours été. Il suffit d’ailleurs de relire sa production à l’époque pour se rendre compte de quelle force de la nature il s’agissait. Ce qui caractérisait ce jeune fauve aux yeux rêveurs, c’était le mépris absolu du danger, l’oubli de soi quand il s’agissait de la patrie et des impératifs nationaux, une violence raisonnée, une fermeté à toute épreuve. Jacques Roumain ne savait pas seulement -presque d’instinct -ce qu’il fallait faire, mais il acceptait toutes les conséquences de faction nécessaire, avec une désinvolture qui forçait le respect. On peut dire que jamais Jacques Roumain n’a reculé devant une tâche nécessaire; parfois on se demande même si les risques n’avaient pas pour lui un attrait mystérieux et enivrant.

Traqué, bastonné, torturé, emprisonné combien de fois, Jacques Roumain reprenait à chaque fois sa place de combat comme une bête de race, avec une détermination qui faisait frémir ses bourreaux eux-mêmes. Une fois, on le vit debout au milieu d’un tribunal, déchaîné, accablant les juges-croupions qui accomplissent la mascarade du jugement. Ce jour-là, matraqué à la barre où il était, le sang de Jacques Roumain coulait à flots sur le sol, qu’il continuait encore à fustiger et à dénoncer les assassins du peuple.

Président fondateur de la Ligue de la Jeunesse Patriotique, Président d’honneur de la Fédération des Jeunesses haïtiennes, dirigeant du Comité de Grève qui sonna le glas de l’occupation et de la dictature de Borno, Jacques Roumain marchait à la tête de toutes les manifestations et participait à l’action directe des masses. Jacques Roumain se présentait à la fois comme le cerveau et le poing de tous les combats de la nation, dressée pour reconquérir son indépendance aliénée, la liberté et la justice sociale. On peut dire que Jacques Roumain a contribué de manière originale à mettre au point la forme de lutte de prédilection des masses populaires haïtiennes depuis plus de vingt-cinq ans: la grève générale de masse. On peut ainsi avancer que Jacques Roumain a contribué à sa manière aux mouvements de janvier 1946, de décembre 1956 et de ces derniers mois. Cette arme tend même à se répandre dons toute l’Amérique Latine sous le nom de «Grève à l’Haïtienne». Jacques Roumain ne fut pas seulement un activiste, il était un révolutionnaire qui avait fait le sacrifice de sa vie à son idéal et à son peuple. Un grand humaniste du siècle dernier nous enseigne qu’à chaque grande période révolutionnaire une fraction des classes dirigeantes se détache des oppresseurs pour prendre le parti du peuple et combattre jusqu’au bout à côté des exploités.

La vie exemplaire de Jacques Roumain est la confirmation éclatante de cette vérité historique. Jacques Roumain n’a jamais rien espéré pour lui-même, d’ailleurs toute sa vie il est resté dans un monde où les préoccupations grégaires étaient étrangères. Des amis qui ont été ses familiers durant les dernières années de sa vie qu’il passa au Mexique en ont témoigné devant moi. Malgré les calomnies que ses adversaires et les envieux impénitents colportent-on sait trop bien pourquoi -Jacques Roumain, mort à trente-sept ans, ne porte pas une seule tache sur son honneur de révolutionnaire.

On a voulu d’autre part faire de Jacques Roumain un dieu, une sorte d’homme idéal et parfait. D’après moi, Jacques Roumain fut tout simplement un homme, un homme véritable avec tout ce que cela comporte de grandeurs et de servitudes. La grandeur de Jacques Roumain est justement illustrée avec le plus de force par l’attitude noble qu’il avait devant les erreurs que -comme tout homme- il était susceptible de commettre. Par exemple, quand Jacques Roumain se rend compte du contenu réel du mouvement nationaliste, il est un des premiers à marquer sa désapprobation et à démissionner de son poste au cabinet particulier du président parjure. A chaque occasion on retrouvera chez lui la même probité scrupuleuse à reconnaître ses erreurs et la même détermination à les liquider lui-même publiquement sans équivoque et sans faiblesse. Vincent en particulier le lui fit payer très cher. En effet, pour tout homme imbu des lois de la vie et de l’histoire, se tromper de bonne foi est une chose inévitable, dans quelque discipline que ce soit. L’action implique fatalement un pourcentage de faux calculs en fonction des impondérables, des fautes même qui ne sont pas toujours décelables immédiatement. L’homme de talent, l’homme de génie, l’homme véritable est justement celui qui sait à temps se rendre compte de ce qui ne va pas dans son travail et qui au surplus en décèle les racines secrètes dans le réel et dans sa personnalité. Une erreur de Jacques Roumain sur le plan scientifique, artistique ou politique était pour lui un formidable tremplin vers plus de grandeur.

Après que la nation eut retrouvé les signes extérieurs de sa souveraineté en 1930, une lente maturation s’accomplit dans la conscience de Jacques Roumain. Il regarde le peuple, il observe les élites vautrées dans la confortabilité, il étudie la conjoncture mondiale. Une idée se fait jour dans sa tête, s’impose à lui et devient une force qui l’emporte contre la classe de laquelle il est issu, qui l’emporte contre l’éducation reçue, qui l’emporte contre ses anciens amis, qui l’emporte contre sa famille même, qui l’emporte irrésistiblement, irrémissiblement vers le peuple.  Les idées et les sentiments s’entrechoquent, le cœur combat l’esprit, l’expérience, la générosité et le courage l’emportent sur la facilité. La formidable puissance de travail de Jacques Roumain est en action. Il compulse l’histoire haïtienne, l’histoire du monde, la philosophie, l’économie politique, les sciences exactes et les sciences de l’homme pour découvrir une conception générale du monde, de la vie et du réel social.

L’artiste, le poète concourent avec le patriote et l’homme de science pour trouver la lumière. Ah ! Ceux qui ont vraiment vécu, souffert, aimé, cherché passionnément, l’esprit libre et le cœur bourrelé, comprendront ce qu’ont dû être des années terribles au cours desquelles Jacques Roumain se prépare à renier les valeurs traditionnelles sur lesquelles il a vécu jusque-là et à se dresser à contre-courant dans  un petit pays arriéré ! Le choix est fait. Jacques Roumain a découvert le sens de sa vie. Il va voguer, vent sous vergue, sur sa route inflexiblement droite, comme un navire obstinément tourné, nuit et jour, vers son cap…

L’analyse schématique 1932-1934 est une œuvre qui a bien des limites et qui contient bien des imperfections, bien des erreurs, mais combien de vues profondes, combien de perspectives grandioses pour une compréhension scientifique des rapports de classe et de caste dans la nation haïtienne, combien de leçons vivantes ! Une telle hauteur de vues à une époque où la science sociale haïtienne était pratiquement dans l’enfance est simplement admirable. La place nous manque pour évoquer les sacrifices consentis par Jacques Roumain à son idéal. Il faudra bien qu’un jour on évoque les batailles furieuses, les procès, les emprisonnements, l’action à l’étranger et les dures années d’exil que subit Jacques Roumain pour continuer scientifiquement l’oeuvre libératrice de nos ancêtres et de nos héros ! La dette que nous avons envers lui est immense et n’a pas encore été payée.

Nous dirons seulement quelques mots de l’homme de science qu’était Jacques Roumain: ethnographe, archéologue, préhistorien, fondateur de l’Institut d’ethnologie, du bureau et du musée, du même nom, Jacques Roumain, à cause de l’exil, ne nous n pas laissé une œuvre scientifique très abondante. Cependant, combien d’enseignements précieux ne nous a-t-il pas donné dans ses quelques travaux sur l’outillage lithique des ciboneys d’Haïti, sur la paléobotanique des Antilles, sur le vaudou et dans quelques cours professés à ses élèves dont quelques cahiers de notes, hélas fragmentaires, circulent encore. Pas une affirmation hasardeuse, pas une imputation à la légère, pas une hypothèse gratuite ou inconsidérée ! Une prudence, une rigueur infatigable.

L’autre aspect de l’œuvre scientifique de Roumain est le caractère fonctionnel, pratique, pragmatique de ses recherches et de ses monographies. Combien sommes-nous éloignés de ces communications immodestes, hâtives, inachevées, désinvoltes, glorieuses, de ces « hommes de science » qui s’encensent l’un l’autre. Passe-moi la casse, je te passerai le sens ! qui publient pour atteindre à une notoriété artificielle, sinon pour décrocher tout bonnement une fonction d’état. Jacques Roumain, lui, publiait pour la valeur d’enseignement, pour inventorier la connaissance et permettre à l’homme haïtien de mieux saisir le réel de sa vie. Et puis, comment passer sous silence l’ardeur passionnée, l’amour combattant que Roumain mettait dans ses travaux scientifiques. Quand donc pourrons-nous lire son bref exposé de l’Ethnologie Ancienne des Tainos d’Haïti ? Envisager ici l’œuvre littéraire de Jacques Roumain est difficile. Je n’évoquerai ici qu’un ou deux aspects qui m’ont particulièrement frappé dans l’œuvre de Roumain et qui ne sont pas souvent soulignés dans notre pays. Les pères du roman haïtien, Marcelin, Hibbert, Lhérisson nous ont par exemple laissé une formule d’art narratif qui ne semble pas avoir retenue Roumain : celle de la description fine, circonstanciée, truculente, caustique des mœurs et de l’agitation quotidienne haïtienne, en somme un réalisme critique haïtien. Chez Roumain, lui, nous trouvons une sorte de réalisme symbolique.

Le roman est une espèce de grand poème populaire aux contours classiques et aux personnages quasi symboliques.  Sans sous-estimer l’immense valeur artistique de la forme de Roumain, on doit considérer qu’il ne continue pas et ne développe pas notre réalisme critique. Un autre aspect singulier mérite d’être souligné. Dans ce pays où les haines, les jalousies, l’envie et les mœurs tribales ne sont pas complètement liquidées, dans ce pays où l’exiguïté de la vie, l’étroitesse des chances qui sont dévolues à l’homme sont si grandes, il est très rare de voir un homme porter aussi loin que Roumain l’amour de ses semblables. Jacques Roumain est le champion d’un amour tellement puissant, tellement généreux qu’il nous surprend en Haïti.

Dans Gouverneurs de la Rosée ce personnage de Manuel est un type unique dans notre milieu et dans notre romanesque. Toutes ses démarques : amour de la patrie, attaches vitales sont marquées au coin d’un amour de son village, amour de la terre, amour de la vie, amour filial exemplaire, amour non-pareil pour son Annaïse, culte de l’amitié parfaite, et même, pardon sans réserve à ses ennemis et à ses assassins. Peut-être est-ce ce livre qui contient le message essentiel de Roumain, message que la vie ne lui a pas permis d’illustrer personnellement ? Jacques Roumain a écrit un livre qui est peut-être unique dans la littérature mondiale parce qu’il est sans réserve le livre de l’amour. Toute la vie, toute la doctrine, toute la passion de Jacques Roumain semblent avoir pour dimension première l’amour ; un amour encore plus vaste que celui du sermon sur la montagne parce que plus inséré dans le contexte de l’action pratique.

Faudrait-il comprendre que la vie trop brève de Jacques Roumain fut l’existence d’un amoureux universel que la vie a trahi ? Un jour à Paris, informé qu’une très grande dame du mouvement démocratique français faisait une conférence sur l’amour devant les membres d’une association de jeunes filles je m’y laissai entraîner. Quelle ne fut pas ma surprise de l’entendre illustrer son thème: Pour un renouveau de l’amour entre l’homme et la femme -en choisissant pour prototype l’amour de Manuel pour Annaïse, présenté comme l’amour de l’avenir. Une autre fois, rencontrant des amis hongrois, ils me racontèrent qu’on avait diffusé le chef d’œuvre de Jacques Roumain parmi les paysans de leur pays pour aider ceux-ci à combattre une terrible sécheresse qui s’était abattue sur la campagne. Dans de nombreux pays par ailleurs, j’ai rencontré des jeunes gens qui m’ont parlé avec émotion de l’amour chez les paysans de notre pays, étayant leurs propos avec le merveilleux livre de Jacques Roumain. Une autre fois, je rencontrai un Coréen. Celui-ci ne parlait aucune langue occidentale, mais la sympathie qui le porta à m’adresser la parole ne trouva que ces seuls mots pour se traduire : Manuel. . . Annaïse.. . Jacques Roumain. Plusieurs fois j’ai rencontré des compatriotes qui s’étonnaient du fait que Jacques Roumain ait accepté un poste de diplomate du gouvernement de Lescot. Je peux témoigner qu’à mon avis, Jacques Roumain pensait accomplir strictement son devoir de patriote en ne se dérobant pas à cette responsabilité. A tort ou à raison, il pensait que le mouvement démocratique ne devait pas faire une opposition irréductible à un gouvernement qui participait à la grande croisade antihitlérienne, décisive pour la liberté de tous les peuples. Il pensait que la victoire sur Hitler provoquerait un contrecoup démocratique dans le monde entier, ce qui fut confirmé en son temps.

Ce fut en effet à cette époque que je rencontrai Jacques Roumain pour la première fois. Un cercle de jeunes dont j’étais alors le président avait élu Jacques Roumain et son ami Nicolas Guillen Présidents d’honneur. Des contacts que j’eus avec Jacques Roumain à cette époque j’ai acquis la certitude que Jacques Roumain se rendait compte des excès regrettables et du caractère antinational du gouvernement d’alors. Jacques Roumain pensait sérieusement à cette époque à appliquer un peu moins mécaniquement sa thèse de soutien gouvernemental, prévoyant le mouvement de 1946.

Je demeure persuadé que Jacques Roumain était rentré la dernière fois pour prendre part au combat contre la dictature acéphale de Lescot. Hélas, il devait mourir peu après. .. Mille bruits courent sur sa mort… Je suis en tous cas persuadé que s’il avait survécu bien des divisions et bien des erreurs fatales eussent été évitées par le groupe de jeunes gens qui dirigea le mouvement de Janvier 1946 et par les forces démocratiques en général. Un contact avec Jacques Roumain était une chose extraordinaire. Je garde un souvenir ému de nos trop brèves rencontres. Jacques Roumain était un homme que j’ai en somme bien peu connu, mais j’ai l’impression de l’avoir tant connu !

C’était là l’un des moindres sortilèges de Jacques Roumain. Il avait un don quasi mystérieux de participer au cœur d’autrui. En quelques secondes, son amour de l’homme et de la vie vous pénétrait, devenait tellement sensible et contraignant qu’on avait l’impression d’être envahi par une vapeur de menthe… Plusieurs fois par la suite, évoquant avec Nicolas Guillen le souvenir de son inoubliable ami, l’auteur de Sensemaya m’a fait part de la même impression. Jacques Roumain est à mon sens un ambassadeur d’Haïti toujours vivant et toujours en jonction dans presque toutes les contrées de la terre. Peut-être est-il un des rares ambassadeurs efficaces de notre pays. Quelle récompense pour un artiste !

Les peuples sont des arbres qui fleurissent malgré la mauvaise saison, à la belle saison, notre arbre continue à vivre. Un peuple qui vient de produire un Jacques Roumain ne peut pas mourir. Roumain est une immortelle qui fertilise nos ramures par son amour universel. Tous les grands haïtiens qui fleuriront désormais sur notre sol ne pourront pas ne pas lui devoir quelque chose.

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